DES ENFANCES VOLÉES
Au moins 700 millions d’enfants à travers le monde (et sans doute des centaines de millions d’autres) sortent de l’enfance trop tôt. Les principales raisons incluent les problèmes de santé, les conflits, la violence extrême, le mariage des enfants, les grossesses précoces, la malnutrition, la privation d’éducation et le travail des enfants.
Associés les uns aux autres, ces facteurs ont engendré une crise mondiale qui frappe les enfants dans des proportions considérables. Depuis près d’un siècle, Save the Children se bat pour sortir les enfants de la pauvreté et les sauver de la discrimination. Ce nouveau rapport (le premier d’une série annuelle) examine attentivement les événements qui détruisent des enfances. Ces « causes de privation de l’enfance » constituent une atteinte à l’avenir des enfants.
L’enfance devrait être une période consacrée à grandir, à apprendre et à jouer en toute sécurité. Chaque enfant mérite de l’amour, de l’attention et une protection durant son enfance pour pouvoir développer pleinement son potentiel. Ce n’est pourtant pas l’expérience que vit au moins un quart des enfants dans le monde.
La majorité d’entre eux vivent au sein de communautés défavorisées dans des pays en développement, où ils n’ont pas bénéficié des progrès qui ont tiré bon nombre de leurs pairs vers le haut. Beaucoup souffrent d’un cocktail toxique de pauvreté et de discrimination, étant exclus en raison de ce qu’ils sont : une fille, un réfugié, un membre d’une minorité ethnique ou un enfant handicapé. Ces menaces qui pèsent sur l’enfance existent également dans les pays à revenu élevé. Tous les pays, riches et pauvres, peuvent faire davantage pour s’assurer que chaque enfant jouisse de son droit à l’enfance.
Pour commémorer la Journée internationale des droits de l’enfant, Save the Children lance un indice unique qui étudie les principales raisons pour lesquelles l’enfance prend fin prématurément. L’Indice de privation de l’enfance se concentre sur un ensemble d’événements décisifs qui indiquent un bouleversement de l’enfance. Il classe 172 pays en fonction de la situation de l’enfance, de la plus préservée à la plus érodée. Il montre quels pays parviennent, ou ne réussissent pas, à offrir des conditions permettant d’élever et de protéger leurs plus jeunes citoyens. Les indicateurs suivants sont utilisés pour mesurer la privation de l’enfance : mortalité des enfants de moins de cinq ans, malnutrition retardant la croissance, enfants déscolarisés, travail des enfants, mariage précoce, grossesses chez les adolescentes, déplacements provoqués par les conflits et homicides infantiles.
La survie ou le décès d’un enfant, la possibilité qu’il a ou non d’apprendre, sa protection ou les préjudices qu’il subit ne sont pas le simple fruit du hasard. Les enfances brisées résultent de choix qui excluent certains groupes d’enfants, volontairement ou par négligence. Des millions d’enfants voient leur enfance écourtée à cause de leur identité ou de leur lieu de vie.
D’énormes avancées ont été réalisées en faveur des enfants ces 25 dernières années, mais les progrès récemment accomplis dans la lutte contre l’extrême pauvreté n’ont souvent pas profité aux enfants qui en ont le plus besoin, à cause de leur situation géographique, de leur sexe, de leur origine ethnique ou d’un handicap, ou parce qu’ils sont victimes de conflits.
L’expérience de l’enfance repose en grande partie sur l’attention et la protection que les adultes apportent (ou non) à l’enfant. Les enfants ont un droit à la survie, à l’alimentation et à la nutrition, à la santé et à un abri. Ils ont également le droit d’être encouragés et éduqués, de manière formelle et informelle. Ils ont en outre le droit de ne pas vivre dans la peur et la violence et d’être protégés contre la maltraitance et l’exploitation.
En 2015, les dirigeants du monde se sont rassemblés aux Nations Unies pour prendre un engagement ambitieux : mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes d’ici 2030 et protéger la planète pour les futures générations. Dans leur ensemble, les objectifs de développement durable qu’ils ont fixés dépeignent un avenir où tous les enfants jouiront de leurs droits à la santé, à l’éducation et à la protection ; en résumé, leur droit à l’enfance. Fait crucial, les signataires du nouvel accord ont promis de veiller à ce que cela se produise pour toutes les sphères de la société, quels que soient les revenus, la situation géographique, le sexe ou l’identité. Ils ont également promis que les plus laissés pour compte (les plus exclus de la société) seraient atteints les premiers.
Cette promesse de n’oublier personne doit être tenue. Ce n’est qu’à cette condition que nous concrétiserons son potentiel de transformation de millions de vies d’enfants dans le monde, en garantissant à chacun, sans exception, de jouir de l’enfance qu’il mérite.